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DE LA ROYNE DE NAVARRE.

ſeparez l’vn de l’autre : mais i’eſpere que Dieu nous conſeruera en noſtre bonne amitié à ſa gloire, & à noſtre contentement. Amen, mon amy, diſt la bonne femme. I’eſpere que de mon coſté vous n’y trouuerez iamais faulte.

Celuy ſeroit bien incredule, mes dames, qui apres auoir veu vne telle & ſi veritable hiſtoire, iugeroit qu’il y euſt en vous telle malice, que aux hommes : combien que ſans faire tort à nul, pour bien louer à la verité l’homme & la femme, lon ne peult faillir de dire que l’vn & l’autre ne vault rien. Ceſt homme lá diſt Parlamẽte, eſtoit merueilleuſement mauuais. Car d’vn coſté il trompoit ſa chambriere, & de l’autre ſa femme. Vous n’auvez pas donc bien entendu le compte, diſt Hircan, pource qu’il eſt dict, qu’il les contenta toutes deux en vne matinée, que ie trouue vn grand acte de vertu, tant au corps qu’à l’eſprit, de ſçauoir dire & faire deux contraires contens. En cela, reſpondit Parlamente, il eſt doublement mauuais de ſatisfaire à la ſimpleſſe de l’vne par menſonge, & à la malice de l’autre par ſon vice. Mais i’entends bien que ces pechez lá, mis deuant tel iuge que vous, ſeront touſiours pardonnez. Si vous aſſeuray-ie, diſt Hircan, que ie ne feray iamais ſi grande ne ſi difficile entreprinſe. Car mais que ie vous rẽde compte, ie n’auray pas mal employé ma iournée. Si l’amour reciproque, diſt Parlamente, ne contente le cueur, toute autre choſe ne le peult contẽter. De vray, diſt Simontault, ie croy, qu’il n’y a au monde plus grande peine, que d’aimer, & n’eſtre point aimé. Ie vous en croy, diſt Oiſille, & ſi me ſouuient à ce propos d’vn compte, que ie n’auois deliberé de mettre au rang des bons : toutesfois, puis qu’il vient à propos, ie ſuis contente de m’en acquiter.



D’vn cordelier, qui faict grand crime enuers les mariz de battre leurs femmes.