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LA IIII. IOVRNEE DES NOVVELLES

verité, qui eftoit, que l’amour qu’elle auoit longuement portée à vn feruiteur de leans, luy auoit fai entreprendre ce beau miltere, pour chaſſer hors la maiſon maiftre & maïftreffe, à fin que eux deux, quien auoient toute la garde, euſſent moyen de faire grand chere, ce qu’ils faifoient, quandils cftoiét tous ſeuls, Monfieur de Grignaulx, qui eftoit homme aflez rude, com- manda qu’ils fuffent battuz, en forte qu’il leur fouuint à iamais del’eſprit : ce qui fut faiét, puis chaſſez dehors. Et parce moyen, fut deliurée la maiſon du tourment des eſprits, qui deux ans durant auoient ioüc leur rolle.

C’eſt choſe cfmerueillable, mes dames, de penſer aux effeds de ce puiſſant dieu d’amour, qui oftant toute crainte aux fem. mes, leur apprend à faire route peine aux’hommes, pour parue : nir à leur intention. Mais d’autant qu’eſt vituperable l’inten— | tion de la chambriere, le bon ſens du maiftre eſt louable, qui fçauoit tresbien, que l’eſprit fen va & ne retourne plus, Vraye- ment, dift Guebron, amour ne fauorifa pas à ceſte heure la le varlet & la chambriere, & confeſſe que le bon ſens du maiftre luy feruit beaucoup. Toutesfois, dift Emarfuitte, la chambriere vefquit long temps, par fa finelfe, à ſon aile. C’eſt vn aifebien M malheureux, dift Oifille, quand il eſt fondé fur peché, &prend M fn par honte & punition. Ileft vray, ma dame, dift Emaruitte, mais beaucoup de gens ont de la douleur & de la peine, pout viure bien iuftement, qui n’ont pas le ſens, d’auoir en leur vie tant de plaïfir, que ceux cy. Si fuis ie de ceſte opinion, dift Oifil : le, qu’il n’y a nul parfait plaifr, fi la conſcience n’eſt en repos. Commentdift Simontaulr : ITralien veult maincenir, quetant M plus le peche eſt grand, de tant plus il eſt plaiſant. Vrayement,. diff Oifille, celuy, qui a inuenté ce propos, eftluy mefmes vray diable. Parquoy laiſſons le 1à, & fçachons à qui Saffredent don- nera fa voix. À quifdiftil : il n’y a plus que Parlamente, à tenir ſon rang : mais quand il y en autoit vn cent d’autres, fi luy don : neray-ie toufiours, pour eftre celle de quinous deuonsappren : dre. Or puis que ie {uis pour mettre fin à la iournée, dift Parla- mente, & que ie vous promis hier, de vous dire l’occaſion pout® quoy le pere de Rolandine feit faire le chafteau, ouil la tint ff long remps prifonniere, iela vous vay racompter. |

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