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DE LA ROYNE DE NAVARRE.

reſſe de ſa femme. Apres diſner ſ’en allerent repoſer, pour eſtudier leur roole, & quand l’heure fut venuë, ſe trouuerent au lieu accouſtumé. Et lors Oiſille demanda à Hircan, à qui il donnoit ſa voix, pour commencer la iournée. Si ma femme, diſt il, n’euſt commencé celle d’hier, ie luy euſſe donné ma voix : car combien que i’aye touſiours penſé qu’elle m’ait plus aimé, que tous les hommes du monde, ſi eſt-ce que ce matin, elle m’a monstré m’aimer mieux, que Dieu & ſa parolle, laiſſant voſtre bonne lecon, pour me tenir compaignie. Ainſi donc ie luy euſſe volontiers baillé cest honneur : mais puis que ne le puis bailler à la plus ſage femme de la compaignie, ie le bailleray au plus ſage d’entre nous, qui est Guebron : mais ie le prie qu’il n’espargne point les moynes. Guebron luy dist : Il ne m’en falloit point prier, ie les auois bien pour recommandez : Car il n’y a pas long temps, que i’en ay ouy faire vn compte à monſieur de ſainct Vincent, ambaſſadeur de l’Empereur, qui eſt digne de n’eſtre mis en oubly.



Execrable cruauté d’vn Cordelier, pour paruenir à ſa deteſtable paillardiſe : & la punition qui en fut faicte.


NOVVELLE TRENTEVNIESME.



Avx terres ſubiectes à l’Empereur Maximilian d’Auſtriche, y auoit vn conuent de Cordeliers fort eſtimé, aupres duquel vn gentil-homme auoit ſa maiſon. Et portoit telle amitié aux religieux de leans, qu’il n’auoit bien qu’il ne leur dõnaſt, pour auoir part en leurs bienfaicts, ieuſnes, & diſciplines. Et entre autres y auoit leans vn grãd & beau Cordelier, que le gentil-homme auoit prins pour ſon confeſſeur : lequel auoit telle puiſſance de commãder en la maiſon du gentil-homme, que luy meſme. Ce Cordelier, voyant la femme de ce gentil-hõme tant belle & ſage, qu’il n’eſtoit poſsible de plus, en deuint ſi fort amoureux, qu’il en perdit le boire & le man-