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LA III. IOVRNEE DES NOVVELLES

elle viendroit apres luy : mais en lieu d’ouïr ſes pieds, louyt voix, diſant : Morfieur le fecrettaire, attendez vn peu, ie m’en vois fçauoir à mon mary, fil Iuy plaift bien que l’aille apres vous.Penfez quellemine peut faire en pleurant, celuy quien riant eftoit fi laid : Lequel incontinent deſcendit les larmes aux yeux, la priant pour l’amour de Dieu, qu’elle ne vouluft sompre pat {a parolle l’amitié de luy & de ſon compaignon.. Elle luy refpondit : Te fuis feure que l’aimez tant, que ne me vouldriez dire chofc ; qu’il ne peult entendre : parquoyie luy vois dire. Ce qu’elle feit, quelque priere ou contrainte, qu’il vouluft mettre au deuant, dont il fut auſsi honteux en f’enfuy- ant, que le mary fut content d’entendre l’honnefte tromperie, de laquelle fa femme auoit vi. Et luy pleut tant la vertu de fa femme, qu’il ne tint compte du vice de ſon com paignon, le- quel eftoit aſſez puny, dauoir emporté fur luy la honte, quil vouloit faire en fa maiſon.

Il me femble, ; mes dames, que par ce compteles gens de bien doibuent apprendreà ne retenir ceux, deſquels la conſcience, le cucur, & l’entendement ignorent Dieu, lhonneur, & lavraye amour. Encores que voftre compte ſoit court, dift Oifille, fi eſt il auſsi plaiſant que ren aye point ouy, & à Phonneur d’vne honnefte femme. Par Dieu, dift Simontault, ce n’eſt pas grand honneur à vne honnefte femme, de refuſer-vn.fi laid hom : me que vous peignez ce fecrettaire : mais fil euft eſté beau & honnefte, en cela ſe fuft monftrée la vertu.Et pource queieme doubte qui.il eff, fifeftois en mon rang, ie vous en fcroisvn M} compte, quicftaufsi plaiſant que ceftuy cy. A cela netienne, À dift Emarfuitte : car ie vous donne ma voix. Et à l’heure com : mença ainſi : Ceux qui ont acouftumé de demeurer à la court, ou en quelques bônes villes, eſtiment tant deleur fauoir, quil leur ſemble que tous autres hommesnefontrien au pris d’eux : M mais fi ne reſte.il pourtant, qu’en tous pays, & de toutescon— M ditions de gens, n’y en ait roufiours aſſez de fins & malicieux : À toutesfois, a caufc de l’orgueil de ceux, qui penſent eftreles plus fins, la mocqueric(quand ils font quelque faulte) en eftbeau= À coup plus grande, comme ic deſire vous monftrer parvncom # ptenaguerces aduenu.

Vn ſecrettaire :