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DE LA ROYNE DE NAVARRE.

qu'ils mettroient leur doigt au feu fans brufler, pour fouftenir qu'elles font femmes de bien, car ils ont experimenté leur a- mour iufques au bout. Aufsi ſe font louër par tels honneftes hommes celles qui à leurs ſemblables ſe monftrēt telles qu'el- les font, & choiſiſſent ceulx qui ne fçauent auoir hardieſſe de parler:& fils en parlent pour leur vile & orde condition ne ſe- roient pas creuz. Voila, dift Longarine, vne opinion que i'ay autresfois ouy dire aux plus ialoux & ſoupçonneux hommes, mais c'eſt peindre vne chimere:car combien qu'il ſoit aduenu à quelque pauure malheureuſe,fi eſt ce choſe qui ne ſe doit fou- pçonner en autre. Or tant plus auant nous entrons en ce pro- pos, dift Parlamente,& plus ces bons ſeigneurs icy drapperont fur la tiſſure, & tout à noz defpens. Parquoy mieulx vault aller Couyr les vefpres, à fin que ne ſoyons tant attendues que nous fufmes hier. La compaignie fut de ſon opinion, & en allant, Oifille leur dift: Si quelqu'vn de nous red graces à Dieu,d'auoir à ceſte iournée diet la verité des hiſtoires que nous auons ra- comptées,Saffredent luy doit demander pardon,d'auoir reme- moré vne fi grande villennie contre les dames. Par mon fer- ment, dift Saffredent, combien que mon compte ſoit verita- ble, fi eſt-ce que ie l'ay ouy dire. Mais quand ie vouldrois faire le rapport du cerf à veuë d'oeil, ie vous ferois faire plus de fi- gnes de la croix de ce que ie fçay des femmes,que lon n'en faict. àfacrer vne eglife. C'eſt bien loing de ſe repentir,quand la con- ſeſsion aggraue le peché. Puis qu'auez telle opinion des fem- mes,dift Parlamente, elles vous doiuent priuer de leur honne- fteté, entretenement, & priuauté. Mais il luy refpondit:aucunes ont tant vfé en mon endroit du conſeil que vous leur don- nez, en m'eflongnant & feparant des choſes iuftes & honne- ftes, que fi ie pouuois dire pis, & pis faire à toutes, ie ne m'y ef- pargnerois pas, pour les inciter à me venger de celle qui me tient vn fi grand tort. En diſant ces parolles, Parlamente meift ſon touret de nez,& auec les autres entra en l'eglife,ou ils trou- uerent vespres tresbien ſonnées, mais ils n'y trouuerent pas vn des religieux pour les dire, pource qu'ils auoient entendu que dedans le pré faffembloit ceſte compaignie,pour y dire les plus plaiſantes choſes qu'il eftoit poſsible: & comme ceulx qui ai- moient mieulx leurs plaiſirs que leurs oraiſons, feſtoient allé