peult iuger le cueur de ceſte dame, mais quand à moy, ie trouue le faict tres-honorable & vertueux. Parquoy pour n’en debatre plus, ie vous prie Parlamente, donner voſtre voix à quelque vn. Ie la donne tres-uolontiers, ce diſt elle à Simontault, car apres ces deux triſtes nouuelles, il ne faudra à nous en dire vne qui ne nous fera point plorer. Ie vous remercie diſt Simontault, car en me donnant voſtre voix, il ne s’en fault gueres que me nommez plaiſant, qui eſt vn nom que ie trouue trop facheux, & pour m’en venger ie vous monſtreray qu’il y a des fẽmes qui font biẽ ſemblãt d’eſtre chaſtes enuers quelques vns, ou pour quelque temps : mais la fin les monſtre telles qu’elles ſont, cõme vous les trouerez par vne hiſtoire treſueritable.
NOVVELLE QVATORZIESME.
n la duché de Milan, du tẽps que le grãd
maiſtre de Chaulmont en eſtoit gouuerneur,
y auoit vn gentil-homme nommé le
ſeigneur de Bonniuet, qui depuis par ſes
merites fut admiral de France, eſtant à Milan
fort aimé du grand maiſtre & de tout
le monde pour les vertuz qui eſtoient en
luy, ſe trouuoit volontiers aux feſtins ou toutes les dames s’aſſembloient,
deſquelles il eſtoit mieux voulu que ne fut onques
François, tant pour ſa beauté, bonne grace, & parolle, que pour
le bruit que chacun luy donnoit d’eſtre l’vn des plus adroits &
hardy aux armes, qui fuſt de ſon temps. Vn iour allant en maſque
à vn carneual, mena dancer l’vne des plus braues & belles
dames qui fuſt en la ville : & quand les haulxbois faiſoient
pauſe, ne failloit à luy tenir les propos d’amour, qu’il ſçauoit
mieux dire que nul autre. Mais elle qui ne luy deuoit rien de
luy reſpondre, luy voulut ſoudain mettre la paille au deuant
& l’arreſter en l’aſſeurant qu’elle n’aimoit & n’aimeroit iamais
autre que ſon mary, & qu’il ne s’y attendiſt en nulle maniere.
Pour ceſte reſponſe ne ſe ſentit le gentil-homme refusé, & la