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SECONDE IOVRNEE DES NOVVELLES
DE LA ROYNE DE NAVARRE.



Le lendemain ſe leuerent en grand deſir de retourner au lieu ou le iour precedent auoient eu tant de plaiſir : car chacun auoit ſon compte ſi preſt, qu’il leur tardoit qu’il ne fuſt mis en lumiere. Apres qu’ils eurent ouy la lecon de ma dame Oiſille, & la meſſe, ou chacun recommanda ſon eſprit à Dieu, à fin qu’il leur dõnaſt parolle & grace de continuer l’aſſemblée, ſ’en allerent diſner, ramenteuans les uns aux autres pluſieurs hiſtoires paẞées. Et apres diſner qu’ils ſe furent repoſez en leurs chambres, s’en retournerent à l’heure ordonnée dedans le pré, ou il ſembloit que le temps & le iour favoriſaſſent leur entreprinſe, ſ’eſtans tous aẞis ſur le ſiege naturel de l’herbe verde, Parlamente diſt : Puis que i’ay donné au ſoir fin à la dixieſme, c’eſt à moy à eſlire celle qui doibt continuer celles du iourd’huy. Et pource que madame Oiſille fut la premiere des femmes qui hier parla, comme la plus ſage & ancienne, ie donne ma voix auiourd’huy à la plus ieune : Ie ne dis pas à la plus folle, eſtant aſſeurée que ſi nous la ſuyuons toutes, ne ferons pas attendre vespres ſi longuement, que nous fiſmes hier. Parquoy, Nomerfide, vous tiendrez au iourd’huy les rangs de bien dire : Mais ie vous prie ne nous faictes point commencer noſtre iournée par larmes. Il ne m’en falloit point prier, dict No-

merſide