MÉMOIRES
DE
MARGUERITE DE VALOIS.
Je louerois davantage vostre œuvre[1], si elle ne me louoit tant, ne voulant qu’on attribue la louange que j’en ferois plustost à la philaftie[2] qu’à la raison, ni que l’on pense que, comme Themistocle, j’estime celuy dire le mieux qui me loue le plus. C’est un commun vice aux femmes de se plaire aux louanges, bien que non meritées. Je blasme mon sexe en cela, et n’en voudrois tenir cette condition. Je tiens neantmoins à beaucoup de gloire qu’un si honneste homme que vous m’aye voulu peindre d’un si riche pinceau. En ce pourtraict, l’ornement du tableau surpasse de beaucoup l’excellence de la figure que vous en avez voulu rendre le subject. Si j’ay eu quelques parties de celle que m’attribuez, les ennuys les effaceant de l’exterieur, en ont aussi effacé la souvenance de ma memoire. De sorte que, me remirant en votre dis-