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Il jugeait l’ouvrage si parfait, qu’il ne crut pas à propos d’y joindre la moindre note, le plus petit éclaircissement ; mais en revanche, il mit en circulation une erreur grossière en avançant qu’il était adressé « à messire Charles de Vivonne, baron de la Chasteigneraye et seigneur de Hardelay, qui estoit chambellan du duc d’Alençon. Quelques uns croyent, dit-il encore, que l’adresse en soit faitte à monsieur de Randan, mais cela n’est pas si vray-semblable. » La vraisemblance n’était ni dans l’une ni dans l’autre hypothèse, comme on ne tarda pas à s’en apercevoir et à le démontrer. Voici ce qu’en dit Colomiès, le savant que je viens de citer :

« Celui à qui la reine Marguerite adresse ses Mémoires n’est pas messire Charles de Vivonne, baron de la Chasteigneraye, comme prétend Auger de Mauléon, sieur de Granier, qui les a donnés au public, mais messire Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, l’un des plus dignes hommes de son temps, qui a fait un discours sur la vie de la reine Marguerite, inséré dans ses Femmes illustres, où il parle assez au long de Pau, du voyage de la Reine en France, du maréchal de Biron, d’Agen, et de la sortie du marquis de Canillac du château d’Usson en Auvergne. Si l’on se donne la peine de comparer tous ces endroits avec ce que dit la reine Marguerite dès le commencement et dans la suite de ses Mémoires, j’ose me persuader qu’il y aura peu