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DE MARGUERITE DE VALOIS.

Il y vint accompagné de quatre ou cinq des plus principaux du Haynault, l’un desquels avoit lettre et charge de monsieur d’Inchy d’offrir son service à mon frere, et l’asseurer de la citadelle de Cambray. Monsieur de Montigny lui portoit parole, de la part de son frere le comte de Lalain, de luy remettre entre ses mains tout le Haynault et l’Arthois, où il y a plusieurs bonnes villes. Ces offres et ces asseurances receues de mon frere, il les renvoya avec presens, et leur donna des medalles d’or, où la figure de luy et de moy estoit, et asseurant les accroissemens et bienfaicts qu’ils pourroient esperer de luy ; de sorte que s’en retournans, ils preparerent toutes choses pour la venue de mon frere, qui, se deliberant d’avoir ses forces prestes dans peu de temps pour y aller, s’en retourne à la cour, pour tascher de tirer des commoditez du Roy pour fournir à cette entreprise. Moy, voulant faire mon voyage de Gascongne, et ayant preparé toutes choses pour cet effect, je m’en retourne à Paris, où arrivant, mon frere me vint trouver à une journée de Paris ; où le Roy et la Royne ma mere, et la royne Louyse, avec toute la cour, me firent cet honneur de venir au devant de moy jusques à Sainct-Denis, qui estoit ma disnée, où ils me receurent avec beaucoup d’honneur et de bonne chere, se plaisants à me faire raconter les honneurs et magnificences de mon voyage et sejour de Liege, et les aventures de mon retour. En ces agreables entretiens, estans tous dans le chariot de la Royne ma mere, nous arrivasmes à Paris, où apres avoir souppé et le bal estant finy, le Roy et la Royne