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DE MARGUERITE DE VALOIS.

prevoyant bien que cela luy donneroit aultant de peine, comme depuis ceux qui ont esté pour le roy d’Espaigne l’ont esprouvé.

Le comte de Lalain estant tel, ne pouvoit assez faire de demonstration de l’aise qu’il avoit de me voir là ; et quand son prince naturel y eut esté, il ne l’eust peu recepvoir avec plus d’honneur et de demonstration de bien veuillance et d’affection. Arrivant à Mons à la maison du comte de Lalain, où il me fist loger, je trouvay à la cour la comtesse de Lalain[1], sa femme, avec bien quatre vingts ou cent dames du païs ou de la ville, de qui je fus receue, non comme princesse estrangere, mais comme si j’eusse esté leur naturelle dame, le naturel des Flamandes estant d’estre privées, familieres et joyeuses. La comtesse de Lalain tenant de ce naturel, mais ayant d’avantage un esprit grand et eslevé, de quoy elle ne ressembloit moins à vostre cousine que du visage et de la façon, cela me donna soudain asseurance qu’il me seroit aisé de faire amitié estroicte avec elle, ce qui pourroit apporter de l’utilité à l’avancement du dessein de mon frere, cette honneste femme possedant du tout son mary. Passant cette journée à entretenir toutes ces dames, je me rends principalement familiere de la comtesse de Lalain, et le jour mesme nous contractons une estroicte amitié.

L’heure du soupper venue, nous allons au festin et au bal, que le comte de Lalain continua tant que je

  1. Marguerite de Ligne, femme de Philippe, comte de Lalain.