Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

iours, combien qu’il en eust vne du costé de Crom, et suiuoient ledit Demetrius ; (mais si lentement, que l’on eust dit qu’ils n’auoient enuie de mordre.) À la fin apres auoir tenu les bois et forests, par lesquels l’armée fut conduite l’espace d’vn mois entier, ils s’approcherent derechef des forces de Demetrius, lequel aduerty que l’armée estoit logée dans vn village si serrée que l’on ne pouuoit remuer, vint pour donner la nuict vne camisade et mettre le feu audit village, par quelques paysans qui en sçauoient les aduenuës : mais ils furent descouuerts de tous costez par les batteurs d’estrades. Et ainsi on se tint alert iusques au matin, qui estoit le 21. Ianuier 1605. Les armées s’approcherent, et apres quelque escarmouche, le canon ioüant d’vne part et d’autre, Demetrius enuoya sa principale cauallerie le long d’vn valon, pour tascher de couper entre le village et l’armée. Mistisloftsqui aduerty de cecy, fit aduancer l’aisle droite, auec deux compagnies d’estrangers. Ledit Polonnois voyant qu’il estoit preuenu, ioüa à quite ou à double, chargeant auec quelques dix cornettes l’aisle droite auec telle furie, qu’apres quelque resistance que firent lesdits estrangers, tout tourna le dos, horsmis le corps de l’Armée, lequel estoit comme en extaze, ne se mouuant non plus que s’ils n’eussent eu aucun sentiment, donna droit au village, à l’auenuë duquel estoit la pluspart de l’infanterie, et quelques pieces de canon. Ladite infanterie voyant les Polonnois si proches, fit vne escouppetade de dix ou douze mil harquebuzades, qui mit