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çon alloient tousiours croissant : il exila plusieurs fois les Choutsqui, les soupçonnant plus que tous autres, combien que le second frere auoit esté marié auec la sœur de sa femme : plusieurs ont esté tourmentez innocemment pour les auoir visitez, mesmes lorsqu’ils estoient en grace : nul des medecins n’osoit, à peine d’estre exilé, visiter aucuns seigneurs, ou leur administrer aucune chose, sans ordre expres de l’Empereur ; car il n’y a eu iamais en toute la Russie aucuns medecins que ceux qui seruent l’Empereur, ny mesmes aucune boutique d’Apoticaire : enfin ayant ouy le vent depuis l’an mil six cens de Demetrius Iohannes, que quelques-vns le tenoient estre en vie, il ne se faisoit de là en auant tous les iours que tourmenter et gehenner pour ceste occasion : dès-lors si vn seruiteur venoit accuser son maistre, combien que ce fust faussement, sous esperance de se faire libre, il estoit par luy recompensé, et le maistre ou quelqu’vn de ses principaux seruiteurs tourmenté pour le faire confesser ce qu’il n’auoit iamais faict, ny veu, ny ouy : la mere dudit Demetrius prise hors du monastere où elle estoit, et enuoyée enuiron six cens virst de Mosco : enfin il y en a eu fort peu des bonnes familles qui n’ayent ressenty ce que c’est que le soupçon d’vn tiran, combien que l’on l’eust pris pour vn Prince tres-clement ; car il ne s’est pas executé publiquement pendant son regne auant la venuë de Demetrius en Russie dix personnes, horsmis quelques voleurs qui s’estoient assemblez iusques au nombre de cinq cens, desquels plusieurs estans prisonniers fu-