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criaient « Hilf Gott ! (Dieu nous aide !) » C’était leur cri de guerre. Il devint le cri de ralliement des Russes, qui le répétaient sans le comprendre[1]. » L’ennemi, surpris de ce retour inattendu, abandonna le champ de bataille. Loin de se décourager, le faux Démétrius continua la lutte pendant toute une année ; après la mort de Boris, il parvint à attirer les troupes moscovites sous ses drapeaux et à se faire proclamer czar.

Devenu empereur, Démétrius donna à Margeret le commandement de la première compagnie de ses gardes du corps, composée de cent archers et de deux cents hallebardiers, tous étrangers. En s’entretenant avec son capitaine des gardes, l’empereur lui parlait souvent de la France et de son roi[2], et se comparait volontiers à Henri IV, qui, comme lui, disait-il, avait reconquis son trône. Mais Démétrius était loin de posséder les vues politiques de ce prince.

Par la protection qu’il accordait aux jésuites, la faveur dont les étrangers jouissaient à sa cour, le mépris qu’il affectait pour l’ignorance et les superstitions mos-

  1. P. Mérimée, les Faux Démétrius, p. 421 ; Baër, Chronique de Moscou, p. 48.
  2. Margeret prétend même que Démétrius avait le projet d’aller en France faire une visite au roi. Voyez Margeret, page 44, édition originale.