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allée reseruée à cet effect. Et y a tel silence, que l’on diroit la salle et chambre estre vuide. C’est l’ordre coustumier de receuoir les Ambassadeurs, il disna en la presence de l’Empereur, luy et ses gens, iusques au nombre de trois cens hommes, ils furent tous traitez en vaisselle d’or, dont y en a grande quantité, i’entends quant aux plats, car d’assiettes ne seruiettes, il ne s’en parle point, l’Empereur mesme n’en vse point, et mangerent de tres-bon poisson, mais mal accommodé, veu que c’estoit en Caresme, auquel ils ne mangent œufs, beurre, ny aucun laitage, et beu plusieurs santez d’vn costé et d’autre, il fut renuoyé avec bons et honnestes presens.

Or il faut noter que l’Empereur se fait seruir à table fort somptueusement, selon la façon ancienne du païs, à sçauoir auec deux ou trois cens Gentils-hommes, vestus de robbes de drap d’or ou d’argent de Perse, auec vn grand collet qui renuerse par derriere sur les espaules d’vn grand demy-pied, bordé de perles, et vn bonnet rond sur la teste, brodé de mesme, ledit bonnet n’a point de bords, ains est fait proprement comme vne escuelle sans oreilles, et au dessus dudit bonnet, vn haut bonnet de regnard noir, puis de grosses chaisnes d’or au col, esdits deux ou trois cens, lesquels on augmente selon le nombre des conuiez, sont ordonnez à apporter les viandes deuant l’Empereur, et les tiennent iusques à ce qu’il en demande telle ou telles, l’ordre est qu’apres que l’Empereur est assis, et les Ambassadeurs ou autres conuiez, les susdits Gentils-hommes viennent deux à