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du chemin qu’ils font, mesmes ils le cognoistront à peu près par la poussiere qu’ils voyent s’eleuer en l’air, car ils ne vont pas volontiers au trauers de l’herbe pour mettre leurs cheuaux hors d’haleine, et ainsi viennent lesdites sentinelles par quelques sentiers secrets qu’ils cognoissent, apporter des nouuelles de leurs forces, pour ausquelles resister les Generaux se retirent vers quelques riuieres et bois pour empescher leur passage, mais le Tartare est vn ennemy si leger et si dextre, que cognoissant cela il amusera l’armée auec vingt ou trente mille cheuaux, pendant qu’il enuoye quelque nombre fourrager le païs par quelqu’autre chemin ; ce qu’ils effectueront auec telle promptitude, que leur coup sera faict auant que l’armée Russe en reçoiue aduertissement : or ils ne se chargent d’autre butin que de prisonniers, il n’y a nul bagage entr’eux, combien que chacun d’iceux aye vn cheual ou deux de relais, lesquels sont si bien dressez qu’ils ne leur donnent aucune fascherie, et sont si adextres qu’ils descendront d’vn cheual en trottant, et saulteront sur l’autre ; ils n’ont autres armes qu’vn arc, des fléches, et vn cimeterre, ils tirent beaucoup plus roide et plus seurement en fuyant qu’autrement : la prouision qu’ils portent est vn peu de chair sechée au soleil, laquelle est decouppée fort menuë : outre ce ils ont force cordage attaché à l’arçon de leur selle ; enfin vne centaine d’iceux mettront tousiours en fuitte deux cens Russes, sinon que ce soient gens d’eslite, l’Infanterie Russe ou Arquebuziers estans sur le bord d’vne riuiere ou