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chair, si mangent-ils toutes choses prouenant de chair, à sçauoir, beure, fromage, œuf, laict ; et se vont entre-visiter, se baisant, prenant congé, et requerant pardon les vns des autres, s’ils s’estoient offencez de paroles ou de faicts ; mesme se rencontrant par les ruës, combien qu’ils ne se seroient iamais veus auparauant, se baisent, disant Prosti mene, Poialoi, qui veut dire, Pardonnez-moy, ie vous prie, lequel repond, Boch tibi prosti, Dieu vous pardonne, et me pardonnez aussi. Or auant que passer outre il faut sçauoir que ce n’est pas en cette saison seule qu’ils s’entre-baisent, ains en tout temps. Car c’est vne espece de salutation que ils ont entre-eux de s’entre-baiser, tant les hommes que les femmes, en prenant congé les vns des autres, ou se rencontrant ne s’ayant veu de longtemps : la semaine finie, ils vont tous aux bains, ne sortent peu ou point la semaine suiuante hors de leurs logis, et ne mangent la pluspart que trois fois ladite semaine, mais ny chair, ny poisson, ains du miel, et toutes sortes de racines. La semaine suiuante, ils sortent de leurs logis, mais fort simplement habillez, comme s’ils portoient le dueil, ils mangent tout le reste du Caresme (hormis la derniere semaine) toute sorte de poisson tant frais que sallé, sans beure, ou autre chose prouenant de chair ; mais le Mercredy et Vendredy, ils mangent peu de poisson frais, ains tout poisson sallé et racines, la derniere semaine est obseruée aussi estroitement ou plus que la premiere ; car en icelle ils reçoiuent tous coustumierement le Sacrement. Or le iour de Pasques et la semaine suiuante,