Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

decez Demetrius receu audit Empire me continua en son seruice, me donnant la premiere compagnie de ses gardes, et pendant ce temps i’eus moyen d’apprendre, outre la langue, vne infinité de choses concernans son Estat, les loix, mœurs et religion du Païs, ce que i’ay representé par ce petit discours auec si peu d’affection, voire auec tant de naïfueté, que non seulement vostre Maiesté, qui a l’esprit admirablement iudicieux et penetrant, mais aussi chacun y recognoistra la verité, laquelle les anciens ont dit estre l’ame, et la vie de l’histoire. Si ce discours plaist à vostre Maiesté tant soit peu, c’est mon unique contentement ; puis qu’apres auoir daigné m’escouter, elle a agreable en outre de me lire, m’asseurant qu’il s’y verra des accidens bien remarquables, et dont les grands Princes peuuent tirer quelque profit, mesmes par l’infortune de mon maistre Demetrius ; arriué auec grandes trauerses à son Empire, esleué et bouleversé tout en moins de deux ans, et sa mort mesme suiuye de ce mal-heur qu’aucuns le iugent auoir esté ou imposteur ou supposé : il s’y verra pareillement beaucoup de particularitez de cet Estat dignes d’estre sçeuës, et toutesfois ignorées tant pour l’esloignement du climat, que pour la dexterité des Russes à cacher et taire les affaires de leur Estat. Ie supplie Dieu,