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à plusieurs qui croyent que la Chrestienté n’a bornes que la Hongrie : car ie puis dire auec verité que la Russie, de laquelle i’entreprens icy la description par le commandement de vostre Maiesté, est l’un des meilleurs bouleuards de la Chrestienté ; et que cet Empire et ce païs-là est plus grand, puissant, populeux et abondant que l’on ne cuide, et mieux muny et deffendu contre les Scithes et autres peuples Mahometans, que plusieurs ne iugent. La puissance absoluë du Prince en son Estat le rend craint et redouté de ses Subiects, et le bon ordre et police du dedans, le garantit des courses ordinaires des Barbares. Apres donc, SIRE, que vos trophées et vostre bon-heur eurent acquis à vostre Maiesté, le repos duquel la France iouist à present ; et voyant de là en auant mon seruice innutile à vostre Maiesté, et à ma patrie, que ie luy auois rendu pendant les troubles sous la charge du Sieur de Vaugrenan à sainct Iean de Laune, et autres frontieres de vostre Duché de Bourgongne : i’allay seruir le Prince de Transsyluanie, et en Hongrie l’Empereur, puis le Roy de Pologne en la charge de Capitaine d’vne compagnie de gens de pied et finalement la fortune m’ayant porté au seruice de Boris Empereur de Russie, il m’honora du commandement d’une compagnie de Cauallerie, et apres son