Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi n’eust permis à aucun Iesuite d’entrer en Mosco : et sçauoit assez que Boris auoit encouru la malueillance du peuple, pour auoir tasché de s’allier auec quelque Prince forain, et ainsi eust obuié à cela en s’alliant à quelque maison Russe, comme tous ses predecesseurs, ce qui l’eust fortifié ; mais si nous venons à considerer son asseurance, nous verrons qu’il ne pouuoit estre moins que fils de quelque grand Prince : il auoit vne eloquence qui rauissoit tous les Russes : et mesmes reluisoit en luy vne certaine Maiesté, laquelle ne se peut dire, et ne s’est veu auparauant aux grands en Russie, beaucoup moins en vn de basse qualité, comme il faudroit necessairement qu’il fust, s’il n’eust esté fils de Iohannes Basilius : son entreprise aussi semble assez prouuer son bon droict, de venir assaillir vn si grand païs, lorsqu’il estoit florissant plus que iamais, gouuerné par vn Prince fin et redoubté de ses subiects, allié auec la pluspart des principales maisons de Russie, et qui auoit dechassé, faict mourir et exilé tous ceux desquels il se doubtoit, bien voulu de tout le clergé, ayant par bien-faits et aumosnes attiré et acquis, comme l’on eust iugé, le cœur de tous ceux du païs, en paix auec tous ses voisins, et regné huict ou neuf ans paisiblement, auec si petit nombre de gens comme il auoit. Venons à considerer la mere de Demetrius, auec plusieurs de ses parens en vie, lesquels pouuoient dire le contraire, si ainsi n’eust esté.

Puis considerons son Estat, lorsqu’il fust delaissé par la plus grande partie des Polonnois,