Le harem
C’est une pièce sans meuble ; seule une espèce de grande marche devant le moucharabieh, recouverte d’un vieux tapis, sert de divan. Des niches de tous les côtés dans lesquelles sont empilées des couvertures et rangés de minuscules verres à thé, la coutume du Hedjaz étant de boire le thé dans ces récipients.
La grosse femme incline la tête dignement, se touche le front en me disant quelques mots auxquels je ne réponds pas. Elle veut me faire enlever le sac blanc qui me recouvre complètement, je résiste tout d’abord, puis je cède.
Il est à peine 10 heures du matin, quelques esclaves femmes entrent, elles me montrent du doigt, vient même me toucher comme une bête curieuse pour bien voir si je suis une femme comme les autres. Elles parlent entre elles bruyamment, dans un arabe si différent de celui de Syrie que je n’en comprends, pour ainsi dire, pas un mot. Le temps me paraît interminable, j’attends, Dieu sait quoi. D’ailleurs j’ai très mal à la tête et je meurs de faim. Vers 3 heures on m’apporte une assiette avec quelques herbes vertes nageant dans un liquide gras et aigre absolument immonde. Il m’est impossible de rien avaler malgré ma faim. Le thé, par contre, est toujours exquis et j’en bois chaque fois que l’on m’en offre.
La grosse femme me dit, toutes les cinq minutes, comme un refrain, l’expression arabe la plus répandue :
— Enta mabsout ? Ana mabsout. (Es-