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MARIAGE

rément, je les charge de donner de mes nouvelles à mon mari quand ils iront à Palmyre. Ils sont visiblement fort surpris, ils s’imaginaient que j’étais embarquée pour la France et ils me retrouvent habillée en musulmane, aux lieux saints, suivie d’une vieille dame et d’un monsieur (son neveu) en tarbouche.

Mme Amoun me propose une promenade et je la suis. Elle ressemble à une de mes vieilles tantes de province et son neveu complète le tableau bizarre que nous formons. Il est vêtu à l’européenne, son tarbouche est la seule note orientale.

Cette fois, j’explique franchement à Mme Amoun ma situation avec Soleiman, mon désir de voyage et mon mariage blanc. Elle paraît sidérée à l’idée que je partage la chambre d’un Arabe inconnu dans le seul but d’accomplir un périple difficile.

Elle s’excuse de son propre étonnement et me demande :

— Vous n’avez pas peur de coucher dans la même chambre que cet homme ? Il a l’air si méchant, il m’effraie.

— Peur, mais pourquoi ? Le pauvre garçon est nonchalant et orgueilleux, mais sans méchanceté.

Elle persiste à juger Soleiman une « terreur ».

Je ne discute plus. On ne change pas l’opinion des gens.

*