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LE MARI PASSEPORT

sucre, de roses, des gâteaux de miel aux amandes complètent ce régal.

Je suis assise à côté de Soleiman qui n’est guère plus ému que moi. Le mariage commence par l’estimation de ma valeur marchande. La mise à prix se fait à mille livres turques or. C’est toujours ma réputation de richesse qui m’a valu les pires ennuis. Je me récuse et fais tomber le cours en proposant le centième, dix livres.

Consternation dans l’assemblée. On passe à 500. Je contre-propose 25, puis 50, finalement on s’entend pour le prix de cent livres. Je m’achète moi-même cent livres d’or, pour m’appeler Mme Abdel-Aziz Deckmari. Mon acte de mariage mentionnera que Soleiman m’a payée cent livres.

Après les enchères, la cérémonie continue ; Soleiman se lève en bâillant et disparaît, sans un mot d’explication ; un subit accès de discrétion donnait à son absence intempestive une explication que je trouvais plausible, mais l’assistance l’attribua à un besoin pressant de la nature.

Cinq minutes, Soleiman ne revient pas…

Dix minutes, Soleiman n’est pas revenu…

Un quart d’heure, Soleiman n’est toujours pas là…

Le cheik, s’adressant à moi, m’explique que l’usage du mariage consacre une donation à la mosquée d’Omar. J’appelle Soleiman. Pas de réponse, désolation générale.

Azem, qui toujours porteur de la fameuse autorisation, a été envoyé à la recherche du cheik, lequel est justement ici, n’est, lui non plus, toujours pas de retour.

Les complications de cette comédie m’agacent de plus en plus.

Au bout de vingt minutes, Soleiman revient tout