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CONVERSION

lui. J’accepte contre toutes les règles musulmanes.

Quelques jours après, je reçois une lettre écrite comme une page d’un cahier de calligraphie d’école enfantine, les lettres ont un centimètre de hauteur et n’en disent pas moins ceci : « Madame, vous qui êtes si riche et Intelligente, pourquoi n’épousez-vous pas un homme cultivé comme moi ? Vous pouvez en juger par le petit manuel anglo-arabe que j’ai créé à l’usage de la police palestinienne et que je vous ai offert, il y a quelques jours. Pourquoi épouser cet inculte Soleiman qui ne pourra jamais vous comprendre ? »

C’est une demande directe en mariage. Mon avocat en veut à ma fortune et ne s’en cache guère.

Comme tout s’obstine à traîner, je décide d’aller passer le week-end à Beyrouth, pour revoir mon jeune fils. Je charge Soleiman de nos intérêts à Haïfa pendant mon absence, et je pars bien entendu voilée.

À mon retour, je trouve Soleiman plus amorphe que jamais, et sans aucune nouvelle des formalités en cours. Je téléphone au grand Mufti à Jérusalem, il me promet une réponse dans les quarante-huit heures. Après ce laps de temps, le Paskaté, que je dérange deux fois par jour, m’apprend enfin que le grand Mufti autorisait le Cadi à nous marier, dès que j’aurais l’acte officiel constatant ma conversion.

Que de complications ! Les gouvernements sont donc tous les mêmes ? Le dernier obstacle que l’on m’oppose n’est pas légal, mais ma situation est trop délicate pour que j’essaye de protester.

Les choses continuent à traîner tellement que je décide soudainement de partir pour Jérusalem afin de tenter autre chose. Il s’agit d’obtenir du Consulat égyptien le visa de nos passeports. Ensuite nous tenterons de prendre le bateau à Suez et ceci en