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LE MARI PASSEPORT

cheik Tewfik, qui, selon lui, peut parfaitement nous marier. Soleiman flâne dans la chambre. Il se sourit lorsqu’il rencontre un miroir et crache par terre avec dignité.

Il a une espèce d’humiliante pelade, qu’il cache avec soin sous son kéfié. Je ne m’en suis aperçue qu’en le voyant se frictionner. Il voudrait bien utiliser à cet usage un de mes flacons. Naturellement, je refuse. Mais je m’aperçois qu’il a déjà ouvert ma valise et pris de la lotion capillaire, seulement c’est pour se parfumer les mains… J’essaye en vain de le convaincre que ce n’est pas un parfum mauvais.

Le cheik arrive là-dessus. C’est un vénérable vieillard à barbiche blanche. Sa robe est de fine serge beige, fermée de haut en bas par une série de petits boutons assortis. Un manteau de même tissu aux larges manches évasées s’ouvre par-devant et flotte par derrière. Son turban plissé blanc est monté en couronne sur le tarbouche rouge foncé. Sa silhouette est mince et élégante. Nous le recevons dans notre chambre. Soleiman et moi sommes assis chacun sur notre lit et il se place sur une chaise entre nous. Azem assiste à l’entrevue. Le cheik commence un petit discours de catéchisme islamique à mon intention.

Il insiste sur les quatre grands points de sa religion :

« Tu seras pure, non seulement par les cinq ablutions habituelles, les cinq prières du jour et de la nuit, mais aussi par le cœur, les sentiments, les pensées, les désirs. La pureté extérieure consiste à éviter tout ce qui pourrait te polluer ». Elle implique les ongles coupés ras, l’épilation totale, la barbe rasée, les cheveux peignés et même, ce qui m’im-