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LE MARI PASSEPORT

— Te feras-tu musulmane seulement pour épouser Soleiman ?

— En aucune façon. Même si je ne pouvais l’épouser, je me convertirais. Marie-nous donc ici sans aucune crainte. Je veux éviter les complications avec mon gouvernement, car il ne verra pas d’un bon œil une Française devenir Nedjienne et musulmane.

Abdel Raouf me demande si je peux avoir comme témoins deux membres du Haut-Commissariat.

— Je viens de te dire que je veux garder mon projet secret jusqu’à son accomplissement.

— Bien, reprend le consul, tu n’as qu’à revenir demain. Je vais me renseigner et je te dirai oui ou non.

— Pourquoi attendre ? Il est vain de perdre son temps, tu le sais. Il est tellement plus simple de nous marier sur-le-champ.

— Demain.

— Si tu es décidé à dire non, dis-le tout de suite. Je partirai renseignée.

— Demain, revenez, je ferai mon possible, termine le cheik Abdel Raouf.

Je rentre à l’hôtel presque satisfaite. Cet entretien, en vérité, me laisse de l’espoir. Servie, comme cela m’est arrivé souvent, par le hasard, je rencontre alors le secrétaire du Président de la République syrienne, avec un de mes amis, conseiller français aux Travaux publics. Voilà cette fois mes deux témoins, tous deux fonctionnaires très officiels, l’un du gouvernement français, l’autre du gouvernement syrien. Il faut, il est vrai, avoir leur signature. Je les invite à déjeuner. J’expose mes intentions et, après une minute de stupeur, ils acceptent de me rendre ce service. Le lendemain, dès que je suis en présence du consul, je lui annonce que j’ai des témoins officiels.