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PREMIERS OBSTACLES

voiture et il me confie à l’oreille que Soleiman est caché dans une tour funéraire.

À l’endroit désigné, mon mari descend et m’embrasse, puis Soleiman apparaît et, de l’air le plus naturel du monde, me demande si j’ai de la place pour lui en voiture. Mon époux, d’un air négligent, me demande de l’emmener.

— Oui, monte vite !

La comédie a réussi.

Nous roulons rapidement, j’exulte et je songe à l’avenir. Je cherche à deviner les émotions inconnues et violentes des périls à courir.

Soleiman, par contre, semble inquiet. Il n’a pas encore pesé les conséquences possibles de cette équipée. Il redoute les représailles du roi Ibn Séoud, si la supercherie était découverte. Je lui donne un cachet de Kalmine pour endormir son inquiétude trop apparente. Je tente de le remonter. Ensuite, j’interroge en français l’autre Arabe. Soleiman ne comprend pas ma langue. L’Arabe, qui la connaît, me confie que mon futur mari a un mauvais renom d’orgueilleux, de paresseux, d’ambitieux. Mais c’est un guerrier et il a ce sens rare du désert qui l’a fait utiliser par les officiers français. Nous arrivons à Damas à la nuit. Soleiman ne dissimule pas son admiration pour les prairies, les cascades et les olivettes qui entourent cette perle de l’Orient.

J’entre à l’hôtel, il doit venir prendre mes ordres demain à huit heures.

Naturellement, il faut mener tambour battant les démarches préalables à la célébration de notre mariage. Je n’ai qu’un mois, j’ai quitté Palmyre le matin du 9 mars et c’est le 9 avril que commencent les cérémonies d’El Arafat, début des prières indispensables pour la validité morale de tout pèlerinage.