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LE MARI PASSEPORT

billée en femme arabe, je passerai tout à fait pour une Bédouine.

— Oui, mais si on découvre la vérité, on te coupera le cou et on me le coupera à moi-même.

— Eh bien, je t’épouserai. Rien ne pourra plus t’être reproché, tout sera correct et légal.

Cette proposition directe et neuve surprend et interloque Soleiman.

Mais il se reprend. En Arabe que rien n’étonne, il rétorque tranquillement :

— Que dira ton mari ?

— Que veux-tu qu’il dise ? Il ne s’y opposera pas. Je ne t’épouserai pas comme mâle. Je ne serai pas à toi. Tu me serviras de passeport pour faire le voyage. Je paierai tout pour nous deux et, au retour, comme bakchich, je te donnerai le double de ce que nous aurons dépensé.

Soleiman médite. Il devine pour lui une affaire d’or. Son air méfiant l’abandonne. Il n’est ni surpris ni indigné de me servir tout uniment de pièce d’identité vivante. J’explique mon projet en cherchant les garanties qui puissent me servir :

— Tu comprends que je tienne à revenir vivante. Donc tu devras participer aux frais jusqu’au retour où tout te sera remboursé au double… Il faut que tu aies un intérêt à me ramener en vie, car je sais ce que je risque.

Il va consulter ses frères et me demande quelques jours de réflexion.

— Je te donne deux jours.

Je me précipite chez mon mari, pour le mettre au courant de ma nouvelle idée. Il ne condamne pas, en principe, mon projet. Il n’eut de mauvais pressentiments que le lendemain. La nuit, de tristes rêves l’avaient hanté, lui montrant les pires mal-