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LE MARI PASSEPORT

abandon. Je levai cette difficulté, en leur proposant de prendre, moi-même, la gestion de l’hôtel, ce qui fut fait.

Félix, un beau matin, quitta Palmyre. Son départ prit même la forme comique d’un enlèvement clandestin, dont les péripéties, à vrai dire, n’ont pas leur place ici.

Nous nous installâmes donc à l’hôtel, mon mari, mon fils aîné et moi. Quelques années plus tard, lorsque la situation du consortium fut liquidée, je m’en rendis propriétaire et le possède encore. Ces années auraient pu être faciles et, pour ce qui est de l’exploitation de l’hôtel, profitables.

Mais je trouvai tous les obstacles administratifs qui avaient rebuté les premiers propriétaires et me heurtai, en outre, à mille difficultés de la part des deux officiers de renseignements sur les trois qui s’y succédèrent pendant mon séjour.

L’un était un simple filou, je le poursuis actuellement pour escroquerie de plusieurs milliers de francs. L’autre, incomparablement pire, canaille sans vergogne, ne tarda pas à être mon ennemi mortel et me jura qu’il aurait ma peau. Aussi ne fus-je pas étonnée le soir où ma chambre fut attaquée de nuit, à main armée, par une bande bien choisie et qui détala devant une résistance qu’elle ne prévoyait pas.

Les balles qui me manquèrent furent ramassées dans ma chambre, une matraque en fer, tombée aussi dans la bagarre, fut saisie ; des empreintes de pieds nus furent relevées sur le carrelage qu’on avait encaustiqué la veille ; mais cela ne servit de rien et l’on étouffa l’affaire après une comédie d’enquête.

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