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LE MARI PASSEPORT

Palmyre, soit à Bagdad. Le congé du major S… était près d’expirer et nous ne pouvions faire les deux. La baronne préférait Bagdad, pour moi, j’étais naturellement plus tentée par le site fabuleux de Palmyre perdu dans un désert, alors moins accessible qu’aujourd’hui.

Mon insistance l’emporta et nous partîmes pour ces ruines.

L’impression que j’en ressentis fut formidable. Cet immense champ de ruines dorées, ces files de colonnes perdues dans le sable, ces horizons sans limites, cette palmeraie dont le vert sombre tranchait sur l’étendue vide du désert, et, par-dessus tout, cette solitude, ce silence, cette vie qui semblait celle d’un autre monde, me firent comprendre d’emblée que j’avais découvert la demeure de mes rêves. Dès mon arrivée, je me sentis comme l’enfant de cette terre étrange et décidai de m’y établir pour y monter un élevage comme je l’avais fait en Amérique du Sud. Il ne fallait que convaincre mon mari. Je rentrai donc au Caire et le décidai sans peine.

Quinze jours plus tard il me précédait à Palmyre.

Pendant ce temps, je liquidais mes affaires d’Égypte, je fis un saut en Grèce où je tournai un petit film, puis je passai en Italie, en France enfin où j’allai assister à la première communion de mon plus jeune fils qui eut lieu à la cathédrale de Bayonne, mais ma fidélité à l’A. F. m’y fit refuser l’absolution, et je ne pus accompagner mon fils à la sainte table. C’était au moment du drame entre l’A. F. et le Vatican.

Là, je reçus de mon mari des nouvelles extrêmement surprenantes. Il avait été reçu à Palmyre, et de la façon la plus cordiale, par le petit groupe des officiers du poste, vivait en popote avec eux, partageait leur vie, était traité en camarade par eux, en