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ESPIONNAGE

On le prit pour l’impresario de la tournée Clara Tambour… Ah ! ce départ, quel soupir quand les hélices tournèrent !

Mais après un voyage sans histoire, quel drame à Alexandrie ; la douane, pour une signature apposée sans réfléchir, au bas d’une formule imprimée, et cela dans le moment même où j’inscrivais scrupuleusement ce que nous avions à déclarer, prétend m’imposer une amende de cent mille francs ! Huit jours de négociations et l’intervention du consul de France nous épargnèrent cette ruine, mais l’incident ne laissa pas de nous coûter fort cher. Un peu plus tard, nous étions installés au Caire, dans un appartement tout neuf, en face du célèbre Groppi. Il fallut travailler, mais le succès fut immédiat.

Je passai deux hivers en ville et l’été aux bains de mer de San-Stéfano. Nous sortions, nous fréquentions le Sporting-Club, mon mari y montait à cheval. Pourquoi, demandera-t-on, ne restai-je là que deux ans ? Parce que ma passion du changement m’entraîna vers d’autres lieux.

Je rencontrai au Caire la baronne Brault, Anglaise de naissance, qui me parla un jour d’un voyage qu’elle devait faire en Syrie et en Palestine avec un officier de l’Intelligence Service de Haïfa et une autre Anglaise aussi, the Honorable Mrs. Mead, filleule du roi Édouard vii. Celle-ci se trouvant malade au dernier moment, je pris sa place avec joie, malgré l’avertissement d’une amie qui me mettait en garde contre mes relations trop étroites avec les Anglais et me prédisait qu’un pareil voyage allait me nantir d’un dossier. J’éclatai de rire, ces conseils me parurent incroyables. Je partis pour Haïfa et visitai la Palestine en compagnie du major S… et de Mme Brault. Nous aboutîmes à Damas où s’offrit l’occasion d’un voyage, soit à