Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

238
LE MARI PASSEPORT

les formalités que je dois accomplir avec les frères de Soleiman. Tant que cette question ne sera pas réglée, moi-même et ceux de mon sang, c’est-à-dire mes fils, nous serons en danger de mort. Il me promet d’aller l’expliquer, quand il passera par Beyrouth, à M. Ponsot, haut-commissaire, puisque je ne pourrai le faire moi-même. Il m’explique aussi, que l’Arabe fait toujours payer, dans le cas d’assassinat, la « dia », c’est-à-dire l’impôt du sang.

Le protocole est le suivant :

Dès mon retour à Palmyre, je devrai me rendre chez les frères de Soleiman, accompagnée d’une escorte armée, car alors je serai en danger.

Lorsque je serai arrivée chez eux, ils m’offriront du café que je boirai en disant quelques mots, ni trop aimables ni trop froids ; le nom de Soleiman ne doit pas être prononcé.

Je les saluerai ensuite et je repartirai. Ils me rendront à leur tour cette visite, refuseront le thé chez moi, questionneront peut-être sur Soleiman. Après cela, je choisirai deux amis arabes pour discuter avec deux représentants de la famille du défunt. Ces envoyés se mettront d’accord sur l’indemnité que je leur dois ; coupable ou innocente, peu importe, la « dia » doit être payée. Ce règlement terminera complètement toute l’affaire.

Nous arrivons enfin à Suez ; sur le quai, mon mari m’attend et, pour comble d’ironie, m’accueille par ces mots :

— Tu dois être bien fatiguée, tiens. Et il tire de sa poche un cachet de Kalmine…

J’appelle Nazer bey et Maadi bey et leur montre la fameuse petite boîte, saluée par un éclat de rire général.

— Incroyable ! s’exclament-ils.