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LE MARI PASSEPORT

ténèbres, plusieurs hommes bondissent sur leur victime avec les fers rouges, etc., et le malheureux avoue ce qu’il refusait de reconnaître auparavant.

Le troisième était de race noble, le propre cousin de l’émir d’Oneiza. Ce fut donc Maadi bey en personne qui le supplicia. Le Grand Tortionnaire amène l’homme hors de la ville et le garde cinq jours sans boire et sans manger. Il lui donne ensuite tous les aliments qu’il désire, couverts de sel, et de l’eau rafraîchie dans une guerba (outre en peau de chèvre). Préalablement on lui lie le membre viril et on lui obstrue les autres orifices. Après des heures de souffrance le misérable dit qu’il va avouer. On défait les liens, mais il n’a rien à dire. On recommence le supplice et il avoue, jugeant peut-être la mort préférable. À Djeddah, on me raconta qu’un homme âgé surprit, sortant de sa maison, l’amant de sa jeune femme. Cette dernière ignora la rencontre et le vieillard jaloux chargea des esclaves de lui annoncer la visite de son amant pour le surlendemain. À l’heure dite, la femme heureuse et parée attend, lorsque deux hommes entrent, son mari, puis… un autre être, mais qui n’a plus figure humaine. Sur une face ensanglantée ressortent les yeux, les dents, tout le reste est rongé, dépouillé de chair.

Depuis deux jours sa tête, enfermée dans une cage en bois, a connu le supplice du rat. Pour attirer davantage cette bête affamée, les joues, le nez, le front, les lèvres ont été enduits de graisse et la bête sauvage les a dévorés.

La jeune femme s’évanouit, l’homme meurt peu après.

Maadi bey est toujours là, assis à côté de moi. Cet homme, qui aurait désiré accroître mon agonie