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LE MARI PASSEPORT

viser mon passeport exclusivement pour la France, sans autorisation de débarquer en Syrie.

Et le haut-commissaire ajoute que j’ai perdu la nationalité française.

Le consul savait cela durant le dîner, mais il a voulu me le dire seulement après le départ des invités, prévoyant ma peine et mes réactions. Il sait la joie que je me faisais de retourner parmi les miens, après une séparation qui a failli être définitive. Mais il faut y renoncer, car dans deux jours le bateau sera là.

Cependant tout n’est peut-être pas perdu. Deux jours permettent encore d’échanger des dépêches. M. M…, devant mon désespoir, me promet d’insister à nouveau près du haut-commissaire en lui expliquant qu’après la misère morale que je viens de subir et dont je sors à peine, on ne peut tout de même pas m’imposer la catastrophe financière que sera l’expulsion de Palmyre où se trouvent ma famille, mes biens, mon domicile et où mes affaires m’attendent.

Je rentre dans ma chambre, pliant sous cette nouvelle épreuve et désespérée.

Mes ennemis de Syrie, contre lesquels j’ai déjà tant lutté, ont profité de mon absence pour me nuire, puis ont tiré argument de ma terrible aventure pour convaincre le haut-commissaire que je devenais indésirable. De fait, au bout de vingt-quatre heures, Beyrouth refuse ma requête. Bien entendu, c’est soi-disant par égard et bonté, afin de m’éviter les terribles dangers auxquels je m’exposerais rentrant en Syrie.

Je suis parfaitement assurée que rien ne m’atteindrait.

Je puis même ajouter que, s’il y avait des mani-