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LE MARI PASSEPORT

Lorsqu’il quitte la Mecque, une grande suite l’accompagne à 100 ou 200 kilomètres dans les sables arides. Le cadi, évidemment, se déplace avec la suite du souverain. Aurai-je la force d’attendre encore ?

Jeudi 22 juin. — Je reste assise sur mon lit toute la journée sans rien faire. La vie m’abandonne. Le consul vient me voir, il a l’air très abattu et ne parle plus de départ. Pourtant Jaber Effendi me fait savoir que les papiers de la Mecque arriveront peut-être samedi, car il paraît que mon procès avait été transmis à la Mecque au cadi des cadis.

Samedi 24 juin. — Le consul est malade. Il m’envoie un membre du consulat pour me donner du courage et en me faisant dire que la solution est imminente.

Dimanche. — J’entends battre à côté un tout jeune homme. Il pousse des hurlements de douleur. J’essaie d’intervenir auprès des gardiens à travers les barreaux. Ils éclatent de rire.

Lundi 26 juin. — À midi, le directeur de la police me fait appeler dans son bureau. C’est la première fois et je ne le connais guère. Deux jours après arrestation, Saïd bey, de réputation violente et brutale, a été déplacé pour éviter de graves incidents. Je suis lasse de ces éternels interrogatoires qui n’aboutissent à rien.

Le directeur me fait asseoir à côté de lui. Il a l’air de me raconter une petite histoire. Je n’arrive qu’à comprendre un mot « Baria » (innocente).

— Bien sûr, je le suis.

— C’est le cadi qui l’a dit.

— Ah ! tant mieux, mais alors…

Il m’inonde d’un flot de phrases. Je réalise cela très mal et je n’ose pas comprendre. Je suis bien