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VIE EN PRISON

— Je préfère la mort à six mois de ce cachot. Ne pourriez-vous pas m’obtenir la liberté provisoire ?

— C’est impossible, ce cas n’est pas prévu par les lois du Hedjaz.

Jaber Effendi est présent à cet entretien, comme à tous ceux que j’eus par la suite. Aussi, m’approchant du consul, je lui chuchote à l’oreille : « J’ai très envie de m’échapper. Si j’arrive chez vous, pourriez-vous me cacher ? »

— Mais il vous est impossible de fuir.

— Je préfère tous les risques à cette attente, puis je crois que je pourrai tomber dans la mer, par la lucarne des W.-C. ; si je ne me casse rien, je passerai par un trou aperçu dans le mur qui longe la rive, j’arriverai au consulat, mais me garderiez-vous si je réussissais ?

— Ne tentez pas cette folie, la route du consulat est dominée par le poste de police, on vous tirerait dessus. En supposant même que vous aboutissiez, ce que je ne crois pas, je serais obligé de vous rendre aux autorités qui, évidemment, vous réclameraient. Vous êtes Nedjienne et je ne peux agir pour vous officiellement. J’essayerai toutefois de venir vous voir régulièrement.

— Oh ! oui, c’est ce qui peut me faire le plus de plaisir.

Le consul, faute de pouvoir me donner toutes les satisfactions morales, veut au moins que j’aie toutes les consolations matérielles.

En effet, dès le lendemain, l’effet de sa visite se fait sentir. On me porte un lit, une boîte de créoline, je passe la matinée à nettoyer, j’arrose tout copieusement avec ce désinfectant, je balaye avec des feuilles de palmier prêtées par un chaouich. Je tue une