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LA MAISON DES MORTS

miens. La fuite, presque impossible, est pourtant ma seule chance de salut.

Je tâte tous les barreaux de fer, ils tiennent fortement, la porte est facile à ouvrir, mais derrière sont les condamnés et les sentinelles, gardiens, soldats et policiers. Un trou dans le mur ? Avec quoi ? Et puis, ils ont plus de 60 centimètres d’épaisseur.

Reste le sol, ce sol déjà creusé partout, avec, en-dessous, quoi ?… le vide ? ou la mer que j’entends ?

J’arrache de la porte le fer d’un vieux verrou qui ne fonctionne pas et je m’en sers comme levier pour soulever une planche, deux planches. Je mets longtemps pour obtenir ce piètre résultat. Ma détresse est à son comble lorsque je me rends compte que quatre gros murs ferment le dessous de ma prison. Les vagues meurent contre ces murs rongés, mais bardés de fer. Rien, rien, je ne peux rien espérer et je ne saurais me résigner.

Au matin, je trouve la force de monter jusqu’à la grille de la haute fenêtre pour respirer à pleins poumons. Des Arabes passent. Faible, hagarde, je regarde ces hommes habillés de robes et aux longues boucles tombantes. Ils m’impressionnent : sont-ils réels ? Où suis-je ? Quelle est cette race ?… Je deviens folle, oui, vraiment folle. Et maintenant je n’ai plus peur ni du jour ni de la nuit, mais j’ai peur de perdre la tête, ma pauvre tête qui éclate. Il doit être midi, le soleil est très haut…

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