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LE MARI PASSEPORT

te tuera. D’habitude, on coupe le cou aux hommes, mais c’est un déshonneur pour un Arabe de trancher le cou d’une femme. On fera probablement le simulacre, après t’avoir fait agenouiller sur la place publique.

« Ensuite, l’homme brise son sabre sur son genou.

« Pour la femme adultère, comme toi, c’est d’habitude la lapidation après avoir fait le tour de la ville, chargée de chaînes. Tous les habitants lui lancent des pierres jusqu’à ce qu’elle meure. »

Assez ! je n’en puis plus. Mes tempes battent, mes oreilles bourdonnent, lapidée, lapidée…

La mort, le cou tranché, fusillée, ça m’est égal, mais lapidée, combien d’heures de souffrance… ça, je le redoute.

Plus de réponse, deux êtres durs, fermés, impassibles me regardent. Ils n’ont plus rien à ajouter. Mon esprit se refuse en ce moment à concevoir la mort prochaine : la MORT !

Je descends comme une automate, je me retrouve dans l’obscurité de mon cachot, au milieu de la vermine et des immondices. Exténuée, je m’accroupis dans cette saleté. Que m’importe maintenant ? Tout est fini, je n’ai même pas besoin de manger, et surtout je ne veux rien demander. Les rats, les puces, les fourmis, les punaises, les araignées, les cafards m’assaillent à nouveau. C’est une espèce de cauchemar sans issue, vague, à peine interrompu par quelques instants de lucidité où je regrette de ne pas avoir le cou tranché au lieu de la lente et atroce agonie de cette lapidation.

Une partie de la nuit se passe dans cet anéantissement douloureux, mais, à la longue, les chocs nerveux produits par les cafards qui me heurtent me font réagir. Je veux espérer. Il me faut revoir les