Alimari. Il me répond avec un sourire : « Mais oui, naturellement », tandis que j’entends Jaber Effendi, indigné, qui proteste : « Jamais je ne la laisserai sortir d’ici », et il téléphone à l’émir de Djeddah pour savoir ce qu’il doit faire de la « femme Zeînab ».
Les réponses ne sont guère rassurantes.
J’entends : « En bas ? mais il y a une vingtaine de prisonniers ».
Puis, se retournant vers les policiers :
— Le bas est-il propre ?
Gestes négatifs des « chaouichs ».
— Enlevez les hommes, arrangez la pièce, ordonne Jaber Effendi, et qu’on l’y mène.
Ils s’en vont. Un instant se passe et, dès qu’ils remontent, un bref commandement :
— La garde, emmenez la prisonnière.
Pour la première fois, j’implore, je demande à passer la nuit dans le bureau du directeur de la police, sur une chaise, par terre, n’importe où. Mais je redoute le cachot noir. J’essuie un refus formel. Malgré mon désespoir et ma frayeur, je n’insiste plus, car je les sens tous inébranlables.
Cliquetis d’armes, de crosses et de talons, c’est moi qu’on encellule.
Sans résister, je me laisse conduire, impuissante à changer ma nouvelle destinée. L’idée d’une tentative d’évasion m’effleure un instant, mais j’abandonne vite cet espoir, en traversant un premier petit hall où se trouvent quelques policiers en armes et tout un assortiment de fusils. Par terre, assis, couchés, debout, sont des prisonniers sur lesquels je trébuche. On vient de les évacuer du local qu’on me réserve. Le voici. C’est une espèce de tombeau humide, construit à moitié sur pilotis.