Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

167
LA PRISON

cence que je ferais n’importe quoi pour cela. Et, afin d’établir sans conteste l’innocuité de la Kalmine, je vais avaler le contenu de la tasse.

Je ne suis pas assez prompte. Trois mains terrifiées me retiennent, et on jette avec précaution le tout à la mer.

Pour persuader ces hommes emplis de doute et de soupçons, je voudrais tout prendre ensemble, le cacao, les cachets, les pastilles… Mais on craint les accidents et le suicide. Enfin, un chaouich, avec de risibles précautions, comme s’il s’agissait de dangereux explosifs, emporte tous mes produits de beauté, mes remèdes et mes aliments…

La fouille de ma valise continue. Mais le médecin pâle me surveille et me bouscule. Il s’imagine que je veux dissimuler quelque chose.

Je me recule en l’injuriant : méchant, imbécile, tu ne comprends rien. Je voulais faciliter votre travail et vous faire comprendre toutes ces choses qui vous sont inconnues.

Comme on me tâte pour voir si je ne cache rien, on me saisit mon fameux carnet rouge. J’arrache deux petits talismans que je porte toujours sur le cœur et je les jette par terre de dépit, d’impuissance en m’écriant : « C’est pour la (bart) chance, je n’en veux plus ».

Ces hommes dignes se mettent à quatre pattes, pour ramasser ces gris-gris, tandis que j’éclate d’un rire nerveux, à la pensée des réactions que vont provoquer les signes cabalistiques qui recouvrent le parchemin. Après avoir enfin retourné dans tous les sens mes porte-bonheur incompréhensibles, ils font semblant de croire les explications que je donne.