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LE MARI PASSEPORT

Maintenant ils me questionnent sur ma poudre de visage. Je leur secoue en manière de démonstration la houpette sous le nez.

Il faut également expliquer le bâton de rouge, le fard, et même le vernis à ongles. Ils sont sidérés de l’utilisation de tous ces produits.

Saïd bey me regarde hautainement et dit avec mépris :

— Tout pour la figure…

Enfin, on met la main sur une centaine de cachets de Kalmine, et voici les pastilles laxatives. Elles sont saluées par des cris de triomphe, féroces et exaltés.

Je continue mes explications qui, en d’autres circonstances, seraient comiques, mais je ne dois pas oublier que je joue ma vie.

Je prends le purgatif et me tape l’estomac en criant :

— « Botné nédif » (ventre propre).

Il est plus ingrat de fournir une explication valable des propriétés de la Kalmine. Je tente d’exposer, en faisant des signes cabalistiques sur ma tête, que cela calme la migraine.

Ils ne sont pas convaincus, tout ce que je leur dis leur semble louche.

Mais le contenu des cachets est peut-être la soi-disant poudre rouge qui empoisonna Soleiman ? J’ouvre un cachet. La poudre est en effet rose pâle. Stupeur. Je demande de l’eau. Qui sait, si la poudre ne deviendra pas plus foncée une fois dissoute ?

Le chef demande au chaouich (agent de police) d’apporter une tasse à café, avec quelques gouttes d’eau…

La couleur s’accentue.

Je me sens si désireuse de prouver mon inno-