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LA PRISON


Je me penche sous le lit pour appeler doucement M… fils. Mais ma voix ne sort pas. Ma bouche est sèche comme un four et ma langue adhère au palais. Du doigt, je la décolle. Certes, devant le danger, on se multiplie. J’ai répondu avec aisance. Mieux, j’ai trouvé dans ma mémoire des mots arabes qui ne font pas partie de mon vocabulaire coutumier, assez restreint. Le péril donne de la vigueur et j’ai fait face. Mais rien n’est fini et les heures prochaines m’épouvantent. M… fils me fait l’inouïe proposition de faire une sortie. Il brandit un poignard arabe et mime des gestes offensifs. J’ai du mal à le calmer et à lui prouver que, s’il parvient au mieux à abattre deux ou trois hommes, et encore ont-ils tous l’habitude de ces corps à corps, il en restera vingt ou trente pour nous tuer.