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LE MARI PASSEPORT

mine » et un purgatif. Mais ce sont les mêmes produits que j’ai donnés aux femmes du harem. Elles s’en sont bien trouvées.

— Quand lui as-tu donné cela ?

— Il y a huit jours. Depuis lors, je ne lui ai rien fait prendre.

Silence.

Tout va mal dans mes affaires. Je décide de me réfugier au consulat de France. Je raccroche précipitamment, puis je crie aux esclaves de tirer aussitôt les verrous de la grande porte. En même temps, je cours vers ma chambre prévenir le jeune M… qu’il n’y a plus qu’une chose à faire, s’échapper n’importe comment.

Je prends hâtivement mon voile, ma pèlerine, dans laquelle je m’empêtre. Vite… vite…

Il est déjà trop tard. Dans le silence généralement absolu à cette heure, un bruit d’acier sonne avec des pas pressés. Des cliquetis de baïonnettes, des chiens qui aboient.

Ce sont des soldats, qui font résonner la nuit calme de Djeddah.

Je vois ces hommes armés dans l’entrebâillement, au moment où nous allons sortir dans la rue. Je me précipite dans ma chambre, je referme. Viennent-ils m’exécuter ?… Je repousse M… fils sous le lit. Au même instant des crosses de fusils ébranlent ma porte. Il faut à tout prix éviter de révéler la présence du visiteur dans ma chambre, sinon notre mort est certaine. Un homme trouvé en compagnie d’une femme : au Hedjaz, un tel fait suffit à faire considérer comme flagrant le crime d’adultère, et il n’est requis aucun jugement pour l’exécution de la peine de mort qui peut être appliquée sur place. On comprend toute la mentalité des Arabes par ce simple