— Viens vite, Soleiman est très malade.
On se moque de moi ! Je riposte :
— Comment, Soleiman est malade ? Mais je l’ai vu ce matin et il allait très bien. Je n’ouvrirai pas.
Cette fois, on se tait. Je suis inquiète. Puis mon épouvante augmente et prend forme. Il faut absolument faire sortir ce Français avant l’aube, car sans cela…
Nous discutons sur les évasions possibles : peut-on briser les barreaux de la fenêtre ? ou, déguisé en femme arabe, serait-il en mesure de s’éloigner sans être reconnu ?
Brusquement, nous entendons à nouveau la sonnerie du téléphone et une voix répète là-bas :
— Très malade, à moitié mort, mais Zeînab ne veut pas ouvrir.
Cette fois, je reçois un coup. Je ne pense plus que c’est une ruse pour me faire ouvrir et crains un authentique malheur. Il faut que j’aille au téléphone. Mais que vais-je faire durant ce laps de temps de cet hôte encombrant, dont la seule présence nous met en danger de mort ?
Je vais le cacher sous le lit.
C’est fait. Alors, posément, dans une attitude que je voudrais naturelle, sans trahir mon émotion par une démarche soit lente, soit nerveusement rapide, j’ouvre la porte et sors. Mon cœur bat terriblement. J’ai la gorge serrée comme dans un étau. J’arrive au récepteur. Je le prends un instant. Puis, je perçois la voix d’Ali Allmari. Il me confirme que Soleiman est au plus mal. Il m’accuse de l’avoir empoisonné en lui faisant prendre une prétendue poudre purgative.
Je réponds : « Il est vrai j’ai donné à mon mari, il y a plusieurs jours, des cachets de « kal-