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LE MARI PASSEPORT

de Soleiman. Nous conversons un moment à travers les barreaux. Je lui parle de mes terreurs nocturnes, il m’offre de passer la soirée avec moi, en attendant Soleiman. J’accepte, comme une Française indépendante, et qui se soucie peu du qu’en-dira-t-on, et redoutant plus que tout l’angoisse que je sens me reprendre.

Cependant l’acte est grave, car je suis musulmane. Avec ce qui s’est passé aujourd’hui, ma fuite surtout de chez Ali Allmari, tout semblerait une terrible préméditation de l’acte dont on m’accuserait si on nous surprenait ensemble. Mais tout dort, allons-y !

M… fils parvient à se faufiler chez moi sans être vu des gardiens de nuit. Ou leur a-t-il donné un « bakchich » ? Nous nous mettons à bavarder sans bruit. Le temps passe. Nous discutons de quelle manière il faut qu’il ressorte inaperçu. Il trouve la situation amusante, il riait même, au moment où on frappe à la porte.

Silence, un instant.

On frappe encore.

Je demande nerveusement :

— Qui est là ?

Les esclaves de l’hôtel crient ensemble :

— Viens vite, on te demande au téléphone.

Je me rassure. C’est pourtant bien bizarre, tout cela, et je questionne :

— À cette heure-ci, qui peut donc bien me demander ?

— Ouvre, ouvre vite.

— Non, pour rien au monde, je n’ouvrirai ainsi au milieu de la nuit.

À mon avis, on a vu M. M… fils pénétrer ici et on me tend un piège. On s’éloigne, puis on revient :