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ESPÉRANCES

sur un hall central. Chaque chambre a plusieurs lits, et j’occupe la plus petite qui n’en a que trois.

Mais, il n’y a aucune garniture de toilette, les grands lits dans lesquels je n’ai point dormi depuis plus d’un mois me tentent et me semblent le comble du luxe.

Cependant, je ne voudrais pas retenir cette chambre si Soleiman a combiné autre chose. Je ne sais que faire. Je retourne chez Ali Allmari, où on ne l’a plus revu.

Que s’est-il passé, puisqu’il était venu me dire de faire immédiatement nos paquets et de le suivre ? Là est l’énigme…

Certes, chez le sous-gouverneur on serait ravi de me recevoir encore, mais je ne puis me résoudre à le demander après la scène de la veille. Je décide que je resterai à mon nouveau logis. Tout le monde est invité à dire à Soleiman où je suis, quand on le reverra.

Un domestique prend alors mes valises et les apporte à l’hôtel. Mais à peine y suis-je depuis une heure que cette solitude me déprime et m’écrase. Je vais sortir.

Me voilà dehors. Je gagne le bord de la mer. Ma démarche est peu sûre à cause du double voile noir, et il me faut surveiller le sol à mes pieds par l’intervalle que provoque ma respiration en écartant le voile… Mais je ne suis pas malheureuse, je goûte même une qualité nouvelle de ma liberté. Elle m’est précieuse, après la réclusion forcée des semaines ultimes.

Toutefois, je me demande ce que signifie la soudaine et inexplicable disparition de Soleiman, et ce que cela cache pour l’avenir…

Je rentre vers six heures. Lotfi et un esclave