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LE MARI PASSEPORT

tesses grandioses mon désir de parler au roi ou à un de ses ministres. On appelle le « préfet », Aboued Taa, kaimacam de Djeddah. Il arrive. C’est un Arabe très maigre, avec un nez en bec de toucan, qui fait songer à certaines momies du musée du Caire. Il me conduit dans un salon. Là, un homme de Syrie me demande en très bon français le but de l’audience que je sollicite. Là-dessus, le ministre des Affaires étrangères arrive. Il se nomme Fouad Hamza. Je lui explique qu’ayant épousé un Nedjien, c’est sans nulle raison qu’on m’a arrêtée à Djeddah. Je viens donc solliciter du monarque la permission de suivre mon mari dans sa famille à Oneiza, en passant par la Mecque et Médine.

Le ministre sort pour transmettre cette demande.

Il reste peu de temps et revient me dire que Sa Majesté est extrêmement occupée en ce moment. Mais Soleiman n’a qu’à présenter lui-même ma requête. Le roi le recevra aussitôt.

Je connais malheureusement la fainéantise de Soleiman, ainsi que les détours de cet esprit empli d’arrière-pensées. Je confirme donc que je désirerais parler moi-même au roi pour savoir avec précision les limites de ce qu’il autorise et interdit.

Fouad Hamza m’assure que tout sera expliqué comme il faut à Soleiman… et qu’il n’y aura de ce fait aucune chance d’erreur. Ibn Séoud a déjà toutes ses audiences prises aujourd’hui, il ne peut me recevoir. Je le comprends puisqu’il vient d’arriver, mais je discute toujours, et voudrais un rendez-vous pour plus tard. Fouad Hamza, sans marquer d’impatience, mais pour en finir, m’apprend alors que la loi musulmane s’oppose à ce que le roi voie une femme en dehors de ses épouses.