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LE MARI PASSEPORT

veulent bien. Sett Kébir semble très touchée de mon attachement, mais elle ne peut évidemment en comprendre le vrai mobile. Elle en profite pour me taquiner sur mon peu d’enthousiasme à l’égard du devoir conjugal. Soleiman, vexé, ne passa aucune nuit chez le sous-gouverneur, et je n’ai jamais su exactement où il couchait. Il venait me saluer tous les matins, et montait l’escalier en criant : « Zeînab », après qu’un esclave eût tapé dans ses mains. Pour la première fois, il abandonnait l’appellation de « Madame ». Je descendais alors au second où nous nous entretenions de nos projets de voyage. Il me faisait régulièrement un petit cours sur ce que je devais ne pas faire et ne pas dire au harem, et il semblait prétendre à une autorité maritale que je m’efforçais de limiter. Je sentais, en outre, qu’il me mentait perpétuellement. Ainsi, il m’annonça un jour qu’il avait rencontré dix pèlerins de Palmyre dont l’un était la sœur d’Ahmed, mon cuisinier. Je le suppliai de me l’amener afin de lui confier un message pour ma famille. Comme il ne put jamais me la faire voir, j’en conclus que son histoire était fausse.

Il me dit également avoir trouvé à la Mecque l’homme à qui nous avions confié les cent livres pour les porter à Oneiza. Je lui demandai donc de me rendre l’argent, mais il me répondit :

— Je lui ai dit de continuer sur Oneiza, de manière à ce que nous trouvions cet argent en arrivant.

Nouveau mensonge, puisqu’il était revenu avec des dettes du pèlerinage. Il avait même dû emprunter à notre ami l’Hindou.

Enfin, il m’annonça un jour qu’il s’était arrangé avec une caravane pour traverser le désert.