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LE MARI PASSEPORT

ce qu’elles y condescendent enfin avec hauteur… Elles savent d’ailleurs fort bien qu’affranchies, elles n’auraient plus aucun moyen de vivre.

Mais ce simulacre usé produit cependant toujours son petit effet. Il est vrai que les esclaves mâles ont parfois accompli cette menace jusqu’au bout. Les consulats de France ou d’Angleterre les ont fait repartir pour leur pays d’origine.

Le sous-gouverneur sent la situation délicate. Il se décide enfin, et m’accorde d’aller au consulat de France, accompagnée de deux esclaves. Mais je dois promettre que je serai de retour dans une demi-heure. Me voilà partie et j’arrive à la légation. C’est une grande bâtisse en pierre. L’édifice est surmonté par une petite plate-forme en bois couverte, à laquelle on accède par une sorte d’échelle.

Les fenêtres sont en moucharabiehs. Une vaste entrée. La porte principale est bardée de fer. Contre les murs, de longs bancs de bois sont à la disposition des pèlerins qui attendent le visa de leurs passeports pour rentrer chez eux.

M. M… me reçoit fort aimablement. C’est un homme charmant, extrêmement intelligent, aux idées larges et nettes. Il est surpris de l’étrange situation qui est la mienne en ce moment. Il me déconseille même, si je le puis, de pousser plus loin mon voyage.

Il m’avertit gravement qu’une fois au Nedj, dans l’intérieur des terres, aucune intervention ne lui serait possible.

Il me dit encore l’effrayante difficulté de traverser le désert du Hofouf, où les sables mouvants ont enseveli tant de caravanes. Que les réserves d’eau soient mal calculées et c’est la mort inévitable.

Je lui expose mes buts : aller à la Mecque et à