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PALAIS ROYAL

broderies mécaniques. Le matelas est sans drap. Et ce faste cocasse donne une idée du mélange auquel aboutit l’initiation de l’Europe en Orient. Dans un angle, une vaste armoire à glace, complétée d’une commode assortie, puis de chaises et de fauteuils recouverts de peluche d’un ton vert vif.

Nous allons ensuite voir la chambre de l’émir Fayçal, le fils d’Ibn Séoud, qu’il convient de ne pas confondre avec Fayçal, roi d’Irak, dont on connaît la fin tragique.

On y trouve, comme dans une devanture de marchand de meubles, une armoire à deux glaces, un lit verni en ronce de noyer, une commode, et sur tout cela une profusion de bronzes, conçus dans le style le plus « Arts décoratifs 1925 ».

Le mobilier du salon a été acheté dans un grand magasin de Constantinople. Fauteuils, chaises et canapés sont de bois doré, recouverts de lamé bleu et or. Les indigènes, qui n’ont jamais rien vu d’aussi splendide, sont littéralement sidérés devant ces choses éblouissantes.

Des fils électriques pendent dans toutes les pièces. Je demande à Sett Kébir si on va nous offrir, en plus, une illumination.

Elle répond, indignée :

— Tu n’y penses pas. La maison courrait risque de brûler. On ne tente ces folies que durant le séjour du roi.

Ce qui me frappe, ce sont les fenêtres sans moucharabieh, avec des volets à l’européenne. Comme nous ne pouvons regarder par les fenêtres, de peur d’êtes vues par les hommes, nous nous réunissons, dévoilées, dans le patio.

La visite est terminée, je pense que nous allons bientôt repartir. Mais on nous apporte un grand